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ANNÉE 1769.

train d’être parfaitement aveugle, mais je puis encore lire les ouvrages d’esprit. Le plaisir l’emporte sur la peine. C’est un sentiment que vous m’avez fait éprouver par la petite brochure[1] que vous avez eu la bonté de m’envoyer.

Agréez, monsieur, mes très-sincères remerciements, et daignez me mettre aux pieds de monseigneur le prince de Condé. V.

7519. — À M. DUPONT.
À Ferney, 30 mars.

Mon cher ami, il est très-convenable que j’aie entre les mains le contrat du baron banquier Dietrich, et je vous prie instamment de me le faire avoir. Il n’importe pas dans quel temps vous rédigiez mon contrat ; cela sera aussi bon à la fin de juin qu’au commencement. Je fournis 96,000 livres à M. le duc de Wurtemberg. Il est déjà payé de 70,000 livres par ses deux billets que je lui rends. J’ai donné 7,000 livres que Roset me devait à la fin de mars ; 15,000 livres que le sieur Moiner, receveur des forges de Montbéliard, me devra à la fin du mois de juin ; et 4,000 livres sur les 7,000 livres que Roset me devra à la fin du même mois de juin. Cela l’ait juste les 96,000 livres avec lesquelles M. Jean Maire peut rembourser le baron banquier Dietrich.

Voilà donc une affaire réglée, et on aura trente jours pour faire venir les papiers du baron, et pour faire le contrat dans la forme la plus honnête et la plus valable. Il n’y a point d’affaire plus nette et plus aisée. Je sais bien que je serais très-embarrassé si les payements dont les receveurs de Montbéliard et de Richwir sont chargés n’étaient pas exacts ; car je dois, moi, être très-exact à fournir à ma famille une pension de plus de 30,000 livres. Je bâtis des fermes qui coûtent considérablement, et je n’aurais aucune ressource sur la fin de ma vie, si les gens de M. le duc de Wurtemberg me manquaient.

En un mot, mon cher ami, je m’en remets entièrement à vous. Ayez la bonté de vous arranger avec Jean Maire, qui a toujours besoin d’être un peu excité.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

Voltaire.
  1. Ce doit être la Lettre à M. de Voltaire sur les opéras philosophi-comiques, où l’on trouve la critique de Lucile, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes, 1769, in-12 de 68 pages. Mais cette brochure ne dut guère paraître qu’en mars ; c’est donc à ce mois qu’il fallait placer la lettre de Voltaire. (B).