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ANNÉE 1768.

J’ai l’honneur de vous envoyer cette pièce authentique, conforme à l’original. J’en envoie une autre copie à monsieur le premier président du parlement de Bourgogne, et à monsieur le procureur général, afin de prévenir l’effet des manœuvres qui auraient pu surprendre votre candeur et votre équité. Vous verrez combien il est faux que les devoirs dont il est question n’aie ni été remplis que cette année. Vous serez indigné, sans doute, qu’on ait osé vous en imposer si grossièrement.

Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui ont osé ourdir cette trame odieuse. Je me borne à les empêcher de nuire, sans vouloir leur nuire jamais : et je vous réponds bien que la paix, qui est mon perpétuel objet, n’en sera point altérée dans mes terres.

Les bagatelles littéraires n’ont aucun rapport avec les devoirs du citoyen et du chrétien ; les belles-lettres ne sont qu’un amusement. La bienfaisance, la piété solide et non superstitieuse, l’amour du prochain, la résignation à Dieu, doivent être les principales occupations de tout homme qui pense sérieusement. Je tâche, autant que je puis, de remplir toutes ces obligations dans ma retraite, que je rends tous les jours plus profonde. Mais ma faiblesse répondant mal à mes efforts, je m’anéantis encore une fois, avec vous, devant la Providence divine, sachant qu’on n’apporte devant Dieu que trois choses qui ne peuvent entrer dans son immensité, notre néant, nos fautes, et notre repentir.

Je me recommande à vos prières autant qu’à votre équité.

J’ai l’honneur d’être avec respect, etc.


7253. — À M. D’ALEMBERT.
1er mai.

Mon cher ami, mon cher philosophe, que l’Être des êtres répande ses éternelles bénédictions sur son favori d’Aranda, sur son très-cher Mora, et sur son bien-aimé Villa-Hermosa !

Un nouveau siècle se forme chez les Ibériens. La douane des pensées n’y ferme plus l’allée à la vérité, ainsi que chez les Welches. On a coupé les griffes au monstre de l’Inquisition, tandis

    refusé ses secours à aucun des habitants du voisinage. Requis de rendre ce témoignage, nous le donnons comme la plus exacte vérité.

    Signé : Gros, curé ; Sauvage du Verny, syndic de la noblesse ; Fabry, premier syndic général et subdélégué de l’intendance ; Christin, avocat ; David, prieur des carmes ; Adam, prêtre ; et Fournier, curé