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CORRESPONDANCE
7273. — À M. LE CHEVALIER DE JULH[1],
brigadier des gardes du roi.

Vous avez écrit, monsieur, en digne chevalier, et je vous remercie en bon citoyen. Vous rendez à la fois service à l’art militaire, qui est le premier, dit-on, et à tous les autres arts qu’on cultive sous l’abri de celui-là. On ne pouvait mieux confondre le Jean-Jacques de Genève. Il n’y a rien à répondre à ce que vous dites, que, suivant les principes de ce charlatan, ce serait à la stupide ignorance à donner la gloire et le bonheur. Ce malheureux singe de Diogène, qui croit s’être réfugié dans quelques vieux ais de son tonneau, mais qui n’a pas sa lanterne, n’a jamais écrit ni avec bon sens ni avec bonne foi. Pourvu qu’il débitât son orviétan, il était satisfait. Vous l’appelez Zoïle ; il l’est de tous les talents et de toutes les vertus. Vous avez soutenu le parti de la vraie gloire contre un homme qui ne connaît que l’orgueil. Je m’intéresse d’autant plus a cette vraie gloire, qui vous est si bien due, que j’ai l’honneur d’être votre confrère dans l’académie pour laquelle vous avez écrit. Elle a dû regarder votre ouvrage comme une des choses qui lui font le plus d’honneur. Vous m’en avez fait beaucoup en voulant bien m’en gratifier.

J’ai l’honneur d’être avec l’estime et la reconnaissance que je vous dois, monsieur, etc.

7274. — À M. CAPPERONNIER[2].
1er juin.

J’ai bientôt fait usage, monsieur, du livre de la Bibliothèque royale que vous avez eu la bonté de me prêter. Il a été d’un grand secours à un pauvre feu historiographe de France tel que moi. Je voulais savoir si ce Montecucullo, que nous appelons mal à propos Montecuculli, accusé par des médecins ignorants d’avoir empoisonné le dauphin François, parce qu’il était chimiste, fut condamné par le parlement ou par des commissaires ; ce que les historiens ne nous apprennent pas. Il se trouve qu’il fut condamné par le conseil du roi. J’en suis fâché pour Fran-

  1. Je n’ai pu me procurer aucun renseignement ni sur cet auteur, ni sur son ouvrage. (B.)
  2. Jean-Augustin Capperonnier, né à Montdidier le 2 mars 1745, employé dès 1765 a la Bibliothèque du roi dont son oncle était bibliothécaire, mort le 16 novembre 1820.