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CORRESPONDANCE

pas été moins sensible au charme de vos vers. Il n’y a peut-être qu’une personne qui en puisse être plus touchée que moi, c’est celle à qui ils sont adressés. Si j’étais son mari, je me défierais fort d’un pareil faiseur de compliments.

Vous devez avoir une Princesse de Babylone. Elle viendra sans doute vous voir à votre lever. Si vous voulez bien lui apprendre par quelle voiture il faut qu’elle parte, et à quel intendant des postes il faut qu’elle présente requête, son père vous aimera de toutes ses forces tant qu’il respirera[1].

7304. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
27 juillet.

Vous savez, mon cher ange, que vos ordres me sont sacrés, et que le souffleur de la Comédie[2] aura son petit recueil, si la douane des pensées le permet. J’ai adressé le paquet à Briasson le libraire, et l’ai prié de le faire rendre audit souffleur. Le succès de cette affaire dépend de la chambre syndicale. Vous savez que j’ai peu de crédit dans ce monde. J’espère en avoir un peu plus dans l’autre, grâce aux bons exemples que je donne.

Je ne suis pas revenu de ma surprise, quand on m’a appris que ce fanatique imbécile d’évêque d’Annecy, soi-disant évêque de Genève, fils d’un très-mauvais maçon, avait envoyé au roi ses lettres[3] et mes réponses[4]. Ces réponses sont d’un père de l’Église qui instruit un sot. Je ne sais si vous savez que cet animal-là a

  1. MM. de Cayrol et François donnent, à la date du 25 et du 27 juillet, ces deux fragments à Marmontel :

    « 25 juillet.

    « Pendant que la Sorbonne, entraînée par un zèle louable, mais très-peu éclairé et qui fait peu d’honneur à la nation, veut censurer Bélisaire, il est traduit dans presque toutes les langues de l’Europe, et l’impératrice de Russie mande de Casan, en Asie, qu’on y imprime actuellement la traduction russe. »

    « Du 27 juillet.

    « Je suis assailli, mon cher ami, à droite et à gauche. Le ministère a fait parler vertement a La Beaumelle par le commandant du pays de Foix. On devrait parler plus vertement au calomniateur Coger. »

    Mais le premier n’est que la répétition de quelques lignes du n° 6924, et le second n’a guère plus de valeur. Ni l’un ni l’autre, en tout cas, ne seraient ici à leur date.

  2. Delaporte, mort le 27 décembre 1794.
  3. Voyez nos 7234, 7247, 7255.
  4. nos 7237 et 7252.