Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/115

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Mais de cette amitié je vous demande un gage ;
Ne me refusez pas.


Cassandre

Ce doute est un outrage.
Ce que vous demandez est-il en mon pouvoir ?
C’est un ordre pour moi, vous n’avez qu’à vouloir.

Antigone

Peut-être vous verrez avec quelque surprise
Le peu qu’à demander l’amitié m’autorise :
Je ne veux qu’une esclave.


Cassandre

Heureux de vous servir,
Ils sont tous à vos pieds ; c’est à vous de choisir.


Antigone

Souffrez que je demande une jeune étrangère[1]
Qu’aux murs de Babylone enleva votre père :
Elle est votre partage ; accordez-moi ce prix
De tant d’heureux travaux pour vous-même entrepris.
Votre père, dit-on, l’avait persécutée ;
J’aurai soin qu’en ma cour elle soit respectée :
Son nom est… Olympie.


Cassandre

Olympie !

Antigone

Oui, seigneur,

Cassandre, À part.

De quels traits imprévus il vient percer mon cœur !…
Que je livre Olympie !


Antigone

Écoutez ; je me flatte
Que Cassandre envers moi n’a point une âme ingrate :
Sur les moindres objets un refus peut blesser ;
Et vous ne voulez pas sans doute m’offenser ?


Cassandre

Non ; vous verrez bientôt cette jeune captive ;
Vous-même jugerez s’il faut qu’elle vous suive,
S’il peut m’être permis de la mettre en vos mains.
Ce temple est interdit aux profanes humains ;
Sous les yeux vigilants des dieux et des déesses,

  1. L’acteur doit ici regarder attentivement Cassandre. (Note de Voltaire.)