Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/118

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Qui punis les pervers, et qui soutiens les justes,
Près de qui les remords effacent les forfaits,
Confirme, Dieu clément, les serments que je fais !
Recevez ces serments, adorable Olympie ;
Je soumets à vos lois et mon trône et ma vie,
Je vous jure un amour aussi pur, aussi saint,
Que ce feu de Vesta qui n’est jamais éteint[1].
Et vous, filles des cieux, vous, augustes prêtresses,
Portez avec l’encens mes vœux et mes promesses
Au trône de ces dieux qui daignent m’écouter,
Et détournez les traits que je peux mériter.


Olympie

.

Protégez à jamais, ô dieux en qui j’espère,
Le maître généreux qui m’a servi de père,
Mon amant adoré, mon respectable époux ;
Qu’il soit toujours chéri, toujours digne de vous !
Mon cœur vous est connu. Son rang et sa couronne
Sont les moindres des liens que son amour me donne :
Témoins des tendres feux à mon cœur inspirés,
Soyez-en les garants, vous qui les consacrez ;
Qu’il m’apprenne à vous plaire, et que votre justice
Me prépare aux enfers un éternel supplice
Si j’oublie un moment, infidèle à vos lois,
Et l’état où je fus, et ce que je lui dois.


Cassandre

.

Rentrons au sanctuaire où mon bonheur m’appelle.

    dramatique qui, étant susceptible de toutes ces hardiesses, eût aussi les beautés qui rendent ces hardiesœs respectables. Si le cœur n’est pas ému par la beauté des vers, par la vérité des sentiments, les yeux ne seront pas contents de ces spectacles prodigués ; et, loin de les applaudir, ou les tournera en ridicule, comme de vains suppléments qui ne peuvent jamais remplacer le génie de la poésie. Il est à croire que c’est cette crainte du ridicule qui a presque toujours resserréla scène française dans le petit cercle des dialogues, des monologues, et des récits. Il nous a manqué de l’action ; c’est un défaut que les étrangers nous reprochent, et dont nous osons à peine nous corriger. On ne présente cette tragédie aux amateurs que comme une esquisse légère et imparfaite d’un genre absolument necessaire. (Note (le Voltaire.)

  1. Le feu de Vesta était allumé dans presque tous les temples de la terre connue. Vesta signifiait feu chez les anciens Perses, et tous les savants en conviennent. Il est à croire que les autres nations tirent une Divinité de ce feu, que les Perses ne regarderont jamais que comme le symbole de la divinité. Ainsi une erreur de nom produisit la déesse Vesta, comme elle a produit tant d’autres choses. (Note de Voltaire.)