Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/160

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De vous sacrifier mes plus chers sentiments…
Sur cet autel, hélas ! J’ai fait d’autres serments…
Dieux ! Vous les receviez ; ô dieux ! Votre clémence
A du plus tendre amour approuvé l’innocence.
Vous avez tout changé… mais changez donc mon cœur,
Donnez-lui la vertu conforme à son malheur…
Ayez quelque pitié d’une âme déchirée,
Qui périt infidèle, ou meurt dénaturée.
Hélas ! J’étais heureuse en mon obscurité,
Dans l’oubli des humains, dans la captivité ;
Sans parents, sans état, à moi-même inconnue…
Le grand nom que je porte est ce qui m’a perdue.
J’en serai digne au moins… Cassandre, il faut te fuir,
Il faut t’abandonner… mais comment te haïr ?…
Que peut donc sur soi-même une faible mortelle ?
Je déchire en pleurant ma blessure cruelle
Et ce trait malheureux que ma main va chercher,
Je l’enfonce en mon cœur au lieu de l’arracher.


Scène VIII

Olympie, L’Hiérophante, Prêtres, Prêtresses.
Olympie

Pontife, où courez-vous ? Protégez ma faiblesse.
Vous tremblez !… Vous pleurez !…

L’Hiérophante

Malheureuse princesse !
Je pleure votre état.


Olympie

Ah ! Soyez-en l’appui.


L’Hiérophante

Résignez-vous au ciel ; vous n’avez plus que lui.


Olympie

Hélas ! Que dites-vous ?

L’Hiérophante

Ô fille auguste et chère !
La veuve d’Alexandre…

Olympie

Ah ! Justes dieux !… Ma mère !
Eh bien ?…