Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/224

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2U LE TRIUMVIRAT.

Regagnons cos rochers et ces cavernes sombres Où la nuit va i)orter ses favorables ombres. Demain les trois tyrans, aux premiers traits du jour, Partent a^ec la mort de ce fatal séjour ; Ils vont, loin de vos yeux, ensanglanter le Tibre, Ae i)précipitez rien, demain vous rtes libre.

POMPÉE,

i\ol)le et tendre moitié d’un guerrier malheureux,

vous ! ainsi que Rome, objet de tous mes vœux !

Laissez-moi m’opposer au destin qui m’outrage.

Si j’étais dans des lieux dignes de mon courage.

Si je pouvais guider nos braves légions

Dans les camps de Rrutus, ou dans ceux des Gâtons,

Vous ne me verriez pas attendre de Fulvie

Un secours incertain contre la tyrannie.

Les dieux nous ont conduits dans ces sanglants déserts-.

Marchons aux seuls sentiers que ces dieux m’ont ouverts,

JULIE.

Octave en ce moment doit entrer chez Fulvie ; Si vous êtes connu, c’est fait de votre vie,

AUriDE,

Seigneur, craignez plutôt d’être ici découvert ; Aux tribuns, aux soldats, ce passage est ouvert ; Entre ces deux dangers que prétendez-vous faire ?

JULIE,

Pompée, au nom des dieux, au nom de votre père.

Dont le malheur vous suit, et qui ne s’est perdu

Que par sa confiance et son trop de vertu.

Ayez quelque pitié d’une épouse alarmée !

Avons-nous un parti, des amis, une armée ?

Trois monstres tout-puissants ont détruit les Romains,

Vous êtes seul ici contre mille assassins…

Ils viennent, c’en est fait, et je les vois paraître.

AUFIDE.

Ah ! laissez-vous conduire ; on peut vous reconnaître : Le temps presse, venez ; vous vous perdez sans fruit.

JULIE.

Je ne vous quitte pas.

POMPÉE.

À quoi suis-je réduit !