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ACTE CINQUIÈME.

SCÈNE I.

JULIE, FULYIE ; gardes dans le fond. JULIE.

Vous me l’aviez bien dit qu’il me fallait tout craindre. Voilà donc nos succès !

FULVIE.

Vous êtes seule à plaindre :

Vous aviez devant vous un avenir heureux : ’ Vous perdez de beaux jours, et moi des jours affreux. Vivez, si vous l’osez : je déteste la vie ; Ma main n’a pu suffire à mon âme hardie. Ces monstres que le ciel veut encor protéger Sont plus heureux que nous dans Tart de se venger. Pompée, en s’approchant de ce perfide Octave S En croyant le punir, n’a frappé qu’un esclave. Qu’un des vils instruments de ses sanglants complots. Indigne de mourir sous la main d’un héros. D’un plus grand ennemi j’allais purger le monde ; Je marchais, j’avançais dans cette nuit profonde ; Mon bras était levé, lorsque de toutes parts Les flambeaux rallumés ont frappé mes regards. Octave tout sanglant a paru dans la tente.

i. Il y eut quelques exemples de pareille méprise dans les guerres civiles de Rome. L’esprit de vertige qui animait alors les Romains est presque inconcevable. Lucius Terentius, voulant tuer le père du grand Pompée, pénétra seul jusque dans sa tente, et crut longtemps l’avoir perce de coups ; il ne reconnut son erreur que lorsqu’il voulut faire soulever les troupes, et qu’il vit paraître à leur tête celui qu’il croyait avoir égorge. On dit que la même chose arriva depuis à Maximien Hercule, quand il voulut se venger de Constantin, son gendre. Vous voyez aussi, dans la tragédie de Venceslas, que Ladislas assassiné son propre frère, quand il croit assassiner le duc, son rival. [Note de Voltaire.)