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240 LE TRIUMVIRAT.

Antoine, vous voyez ce que nos lois demandent.

ANTOINE.

Son supplice : il le faut ; nos légions l’attendent. Je ne balance point ; César a pardonné ; Mais César bienfaisant est mort assassiné. Les intérêts, les temps, les hommes, tout diffère. Je combattis longtemps, et j’honorai son père ; Il sarma noblement pour le sénat romain : Je ne connais son fds que pour un assassin.

POMPÉE.

Làcbes ! par d’autres mains vous frappez vos victimes. J’ai fait une vertu de ce qui fait vos crimes ; Je n’ai pu vous frapper au milieu des combats ; Vous aviez vos bourreaux, je n’avais que mon bras. J’ai sauvé cent proscrits ; et je l’étais moi-même : Vous l’êtes par les lois. Votre grandeur suprême Fut votre premier crime, et méritait la mort. Par le droit des brigands, arbitres de mon sort, Vous croyez m’abaisser ! vous ! Dans votre insolence, Sachez qu’aucun mortel n’aura cette puissance. Le ciel même, le ciel, qui me laisse périr, Peut accabler Pompée, et non pas l’avilir.

ANTOINE.

A’ous voyez sa fureur ; elle nous justifie. Assurez notre empire, assurez notre vie.

JULIE.

Barbares !

OCTAVE.

Je connais son courage effréné ; Et Julie en l’aimant l’a déjà condamné.

ANTOINE.

Sa mort, depuis longtemps, fut par nous préparée ; Elle est trop légitime, elle est trop différée. C’est vous qu’il attaquait, c’est vous seul qui devez Annoncer le destin que vous lui réservez.

OCTAVE,

Vous approuvez ainsi l’arrêt que je vais rendre ?

ANTOINE.

Prononcez, j’y souscris.

POMPÉE.

Je suis prêt à l’entendre, A le subir.