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246 VARIANTES DU TRIUMYIHAÏ.

ACTE DEUXIÈME.

SCÈNE 1.

OCTAVE, ANTOINE.

ANTOINE,

Ainsi Pompée échappe à la mort qui le suit !

OCTAVE.

Antoine, croyez-moi, c’est en vain qu’il la fuit : Si mon père a du sien triomphé dans Pharsale, J’attends contre le fils une fortune égale ; Et ce nom de César, dont je suis honoré, De sa p.erte à mon bras fait un devoir sacré : Mon intérêt s’y joint.

ANTOINE.

Qu’il périsse ou qu’il vive, Le Tibre dès demain nous attend sur sa rive. Marchons au Capitole : il faut que les Romains Apprennent à trembler devant leurs souverains. Mais, avant de partir, lorsque tout nous seconde, Il est temps de signer le partage du monde.

OCTAVE.

Je suis prêt : mes desseins ont prévenu vos vœux, Je consens que la terre appartienne à nous deux. Songez que je prétends la Gaule et l’Illyrio, Les Espagnes, l’Afrique, et surtout l’Italie. L’Orient est à vous.

ANTOINE.

Telle est ma volonté. Tel est le sort du monde entre nous arrête.

OCTAVE.

Par des serments sacrés que notre foi s’engage ; Jurons au nom des dieux d’observer ce partage.

ANTOINE.

Des serments entre nous ? Nos armes, nos soldats.

Nos communs intérêts, le destin des combats.

Ce sont là nos serments. Le frère d’Oclavie

Devrait s’en reposer sur le nœud qui nous lie.

Nous nous connaissons trop : pourquoi cacher nos cœurs ?

Les serments sont-ils faits pour les usurpateurs ?

Je me croirais trompé si vous en vouliez faire.

Laissons-les à Lépidc, aux lâches, au vulgaire.

Je vous parle en soldat : je ne puis vous celer

Que vous affectez trop l’art de dissimuler.

César dans ses traités invoquait la victoire ;

Agissons comme lui, si vous voulez m’en croire.