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VARIANTES DU TRIUMVIRAT. 253

JULIE.

Frappe, au nom do l’amoar ! Frai>pL’, au nom de riiymcn, au nom do la patrie !

POMPÉE.

Au nom do tous les trois, accordez-moi, Julie, Ce que j’ai demande, ce que j’attends de vous, Pour le salut de Rome et celui d’un époux. Achevez, évoquez les mânes de mon père : J’ai du ce sacrifice à cette ombre si chère ; Il faut une main pure ainsi que votre encens.

JULIE.

Que serviront mes vœux et mes cris impuissants ? De Pompée au tombeau que pouvons-nous attendre ? Du fer des assassins il n’a pu se défendre ; Le Phare est encor teint de son sang précieux.

POMPÉE.

Il n’était qu’hommo alors ; il est auprès des dieux. De Pharsale et du Phare ils ont puni le crime : Songez que César même est tombé sa victime, Et qu’aux pieds de mon père il a fini son sort.

JULIE.

Puisse Octave à son tour subir la même mort !

POMPÉE.

Julie !… Il la mérite.

JULIE.

Ah ! s’il était possible !… Mais si vous paraissez, la vôtre est infaillible.

FULViE, à Julie. Si vous restez ici, c’est vous qui l’exposez ; Bientôt les yeux jaloux seront désabusés. On le croit un soldat qui, dans ces temps de crimes, À l’or des trois tyrans vient vendre des victimes ; Avec vous dans ces lieux s’il était découvert, Je ne pourrais plus rien. Votre amour seul le perd.

POMPÉE.

Levez au ciel les mains : la mienne se prépare À vous tirer au moins de celles du barbare.

JULIE.

Cruel ! pouvez-vous bieu vous exposer sans moi ?

POMPÉE.

Allez, ne craignez rien, je fais ce que je dois ; Faites ce que je veux.

JULIE.

À vous je m’abandonne ; Mais qu’allez-vous tenter ?

POMPÉE.

Ce que mon père ordonne.

JULIE.

Peut-être comme lui vous marchez au trépas ! Mais soyez sûr au moins qu’on ne me verra pas, Par d’inutiles pleurs arrosant votre cendre. Jeter d’indignes cris qu’on dédaigne d’entendre. Les Romains apprendront que nous étions tous deux Dignes de vivre ensemble, ou do mourir pour eux.