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PRÉFACE

DE L’ÉDITION DE PARIS’.

On sait que chez des nations polios et ingénieuses, dans des grandes villes comme Paris et Londres, il faut absolument des spectacles dramatiques : on a ])eu l)esoin d’élégies, d’odes, d’églogues ; mais les spectacles étant devenns nécessaires, toute tragédie, quoique médiocre, porte son excuse avec elle, parce qu’on en peut donner quelques représentations au public, qui se délasse par des nouveautés passagères des chefs-d’œuvre immortels dont il est rassasié,

La pièce qu’on présente ici aux amateurs peut du moins avoir un caractère de nouveauté, en ce qu’elle peint des mœurs qu’on n’avait point encore exposées sur le théâtre tragique. Brumoy s’imaginait, comme on l’a déjà remarqué ailleurs -, qu’on ne pouvait traiter que des sujets historiques. Il cherchait les raisons pour lesquelles les sujets d’invention n’avaient point réussi ; mais la véritable raison est que les pièces de Scudéri et de Boisrobert, qui sont dans ce goût, manquent en effet d’invention, et ne sont que des fables insipides, sans mœurs et sans caractères. Brumoy ne pouvait deviner le génie.

Ce n’est pas assez, nous l’avouons, d’inventer un sujet dans lequel, sous des noms nouveaux, on traite des passions usées et des événements communs ; omnia jam vultjata’\ Il est vrai que les spectateurs s’intéressent toujours pour une amante abandonnée, pour une mère dont on immole le fils, pour un héros

1. Cette Préface est ainsi intitulée dans le tome V de l’édition in-4" (des OEiivres de Voltaire) daté de 1768. Elle est en effet dans l’édition des Scytiies ; Paris, Lacombe, 1767, in-S" de xvj et 78 pages. (B.)

2. Voyez Théâtre, tome UI, pages 407-408, la dissertation sur la tragédie, eu tôte de Sémiramis.

3. Virgile, Géortjiqiies, III, i.

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