Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/296

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LES SCYTHES.

INDATIRE.

Lui, poursuivre Sozame ! 11 cesserait de vivre.

LE SCYTHE.

Ce généreux Persan ne vient point défier

Ln peuple de pasteurs inno(; ent et guerrier ;

Il paraît accablé d’une douleur profonde :

Peut-être est-ce un banni qui se dérobe au monde,

Un illustre exilé qui, dans nos régions,

Fuit une cour féconde en révolutions.

Nos pères en ont vu qui, loin de ces naufrages,

Rassasiés de trouble, et fatigués d’orages.

Préféraient de nos mœurs la grossière âpreté

Aux attentats commis avec urbanité.

Celui-ci paraît fier, mais sensible, mais tendi’e ;

Il veut cacher les pleurs que je l’ai vu répandre.

HER.MODAN, À Sozame.

Ses pleurs me sont suspects, ainsi que ses présents. Pardonne à mes soupçons, mais je crains les Persans Ces esclaves brillants veulent au moins séduire. Peut-être c’est à toi qu’on cherche encore à nuire ; Peut-être ton tyran, par ta fuite trompé. Demande ici ton sang à sa rage échappé. D’un prince quelquefois le malheureux ministre Pleure en obéissant à son ordre sinistre.

SOZAME.

Oubliant tous les rois dans ces heureux climats, Je suis oublié d’eux, et je ne les crains pas^.

INDATIRE, à Sozamo.

Nous mourrions k tes pieds avant qu’un téméraire Pût manquer seulement de respect à mou père.

LE SCYTHE.

S’il vient pour te trahir, va, nous l’en punirons ; Si c’est un exilé, nous le protégerons.

INDATIRE.

Ouvrons en paix nos cœurs à la pure allégresse. Que nous fait d’un Persan la joie ou la tristesse ? Et qui peut chez le Scythe envoyer la terreur ? Ce mot honteux de crainte a révolté mon cœur. Mon père, mes amis, daignez de vos mains pures

i. Toujours Voltaire à Ferney. (G. A.)