Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/414

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Tout est réglé, monsieur…

MONSIEUR GARANT.

Il faudra mûrement
Consulter sur ce cas quelque avocat savant,
Quelque bon procureur, quelque habile notaire,
Qui puisse prévenir toute fâcheuse affaire.
Il faut fermer la bouche aux malins héritiers,
Qui pourraient méchamment répéter les deniers.

LE JEUNE GOURVILLE.

Mon père n’en a point.

MONSIEUR GARANT.

Hélas ! dès qu’on enterre
Un vieillard un peu riche, il sort de dessous terre
Mille collatéraux qu’on ne connaissait pas.
Voyez que de chagrins, de peines, d’embarras,
Si jamais il fallait que, par quelque artifice,
J’éludasse les lois de la sainte justice ?
L’honneur, vous le savez, qui doit conduire tout…

NINON.

Le véritable honneur est très fort de mon goût,
Mais il sait écarter ces craintes ridicules.
Il est de certains cas où j’ai peu de scrupules.

MONSIEUR GARANT.

J’en suis persuadé, madame, je le crois ;
C’est mon opinion… mais la rigueur des lois,
De ces collatéraux les plaintes, les murmures,
Et les prétentions avec les procédures…

NINON.

Ayez des procédés, je réponds du succès.

LE JEUNE GOURVILLE.

Ce n’est point là du tout une affaire à procès.

MONSIEUR GARANT.

Vous ne connaissez pas, madame, les affaires,
Leurs détours, leurs dangers, les lois et leurs mystères.

NINON.

Toujours cent mots pour un. Moi, je vais à l’instant
Répondre à vos discours en un mot comme en cent.
Mon cher petit Gourville, allez dire à Lisette
Qu’elle m’apporte ici cette grande cassette.
Elle sait ce que c’est.

LE JEUNE GOURVILLE.

J’y cours.