Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/416

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MONSIEUR GARANT.

Mais cela n’est pas sage :
Nous y remédierons ; je vous en parlerai :
J’ai d’honnêtes desseins que je vous confierai
Vous êtes belle encore.


NINON.

Ah !


MONSIEUR GARANT.

Vous savez, le monde…

NINON.

Ah, monsieur !…

MONSIEUR GARANT.

Vous avez la science profonde
Des secrètes façons dont on peut se pousser,
Être considéré, s’intriguer, s’avancer ;
Vous êtes éclairée, avisée, et discrète.


NINON.

Et surtout patiente.


Scène IV

Ninon, Monsieur Garant, Le Jeune Gourville, Lisette, Un Laquais
LISETTE.

Ah ! La lourde cassette !
Comment voulez-vous donc que j’apporte cela ?

PICARD.

la traîne à peine.


NINON.

Allons, vite, ouvrons-la.

LISETTE.

C’est un vrai coffre-fort.

NINON.

C’est le très faible reste
De l’argent qu’autrefois, dans un péril funeste,
Étant contraint de fuir, Gourville me laissa ;
Longtemps à son retour dans ce coffre il puisa ;
Le compte est de sa main. Allez tous deux sur l’heure
Donner à ses enfants le peu qu’il en demeure :
Ce sera pour chacun, je crois, deux mille écus.
Par un partage égal il faut qu’ils soient reçus.
Pour leurs menus plaisirs ils en feront usage,