Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais avec l’air honnête, avec toute décence,
Avec tous les dehors que veut la bienséance :
Nous avons concerté que de cette maison
Vous feriez pour un tiers une donation,
Un acte bien secret que je pourrais vous rendre.
Armé de cet écrit, je puis tout entreprendre.
Je ne m’emparerai que de votre logis,
Et vous aurez vos droits sans être compromis.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Oui, l’idée est profonde ; oui, les dévots, les sages,
Sur le reste du monde ont de grands avantages.
Je signerai demain.

MONSIEUR GARANT.

Ce soir, votre cadet
Reviendra vous braver comme il a toujours fait.
Tout se moque de vous, laquais, cocher, servante :
Ils traitent la vertu de chose impertinente.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

La vertu !

MONSIEUR GARANT.

Vraiment oui. Toujours un marguillier
A soin d’avoir en poche encre, plume, papier.
Venez, l’acte est dressé. Cet honnête artifice
Est, comme vous voyez, dans l’exacte justice.
Signez sur mon genou.

Il lève son genou.
MONSIEUR GARANT., en signant.

Je signe aveuglément,
Et crois n’avoir jamais rien fait de si prudent.

MONSIEUR GARANT.

Je rédigerai tout dès ce soir par notaire.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Vous êtes, je le vois, très actif en affaire.

MONSIEUR GARANT.

Vous pouvez du logis sortir dès à présent.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Oui.

MONSIEUR GARANT.

Donnez-moi la clef de votre appartement.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

La voilà.

MONSIEUR GARANT.

Tout est bien ; et puis chez ma cousine,