Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/472

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
PICARD.

C’est un digne homme !

NINON.

Oh, oui Mais, dis-moi, je te prie,
Que fait madame Agnant ?

PICARD.

Mais, madame, elle crie,
Elle gronde vos gens, messieurs Gourville, et moi,
Son mari, tout le monde, et dit qu’on est sans foi ;
Et dit qu’on l’a trompée, et que sa fille est prise ;
Et dit qu’il faudra bien que quelqu’un l’indemnise,
Et puis elle s’apaise, et convient qu’elle a tort,
Puis dit qu’elle a raison, et crie encor plus fort.

NINON.

Et monsieur son époux ?

PICARD.

En véritable sage,
Il voit sans sourciller tout ce remue-ménage,
Et, pour fuir les chagrins qui pourraient l’occuper,
Il s’amusait à boire attendant le souper.

NINON.

Que fait notre Gourville ?

PICARD.

En son humeur plaisante
Il les amuse tous, et boit, et rit, et chante.

NINON.

Et l’autre frère ?

PICARD.

Il pleure.

NINON.

Ah ! j’aime à voir les gens
Dans leur vrai caractère à nos yeux se montrant.
Monsieur le marguillier est bien le seul peut-être
Qui voudrait dans le fond qu’on put le méconnaître :
Malgré sa modestie on le découvre assez…
Ah ! voici notre aîné qui vient les yeux baissés.