Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/499

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PRÉFACE

DE L’EDITELRi.

Le poëme dramatique intitulé les Gucbres était originairement une tragédie chrétienne ; mais après les tragédies de Saint Genest, de Polyeuctc, de Théodore, de Gahinie-, et de tant d’autres, l’auteur de cet ouvrage craignit que le public ne fût enfin dégoûté, et que même ce ne fût en quelque façon manquer de respect pour la religion chrétienne de la mettre trop souvent sur un théâtre profane. Ce n’est que par le conseil de quelques magistrats éclairés qu’il substitua les Parsis, ou Guèbres, aux chrétiens. Pour peu qu’on y fasse attention, on verra qu’en effet les Guèbres n’adoraient qu’un seul Dieu, qu’ils furent persécutés comme lès chré- tiens depuis Dioclétien, et qu’ils ont dû dire à peu près pour leur défense tout ce que les chrétiens disaient alors.

L’empereur ne fait à la fin de la pièce que ce que fit Constantin à son avènement, lorsqu’il donna dans un édit pleine liberté aux chrétiens d’exercer leur culte, jusque-là presque toujours défendu ou h peine toléré.

M. D. ! M. ^ en composant cet ouvrage, n’eut d’autre vue que d’inspirer la charité universelle, le respect pour les lois, l’obéissance des sujets aux souverains, l’équité et l’indulgence des souverains pour leurs sujets.

Si les prêtres des faux dieux abusent cruellement de leur pou-

1. L’éditeur est Voltaire lui-même. Cette Préface, dont il parle dans sa lettre à d’Argental, du 3 mai 171)9, parut dans les premières éditions, mais fut, dans la troisième, remplacée par un Discours Iiistorique et critique ; supprimée ainsi dans beaucoup d’éditions, elle n’est pas dans ïin-quarto, mais fut rétablie dans l’édition encadrée ou do 1775. (U,)

’i. Les auteurs de ces tragédies sont nommés dans le Discours Iiistorique, etc., page 492. (B.)

3. Ces trois initiales (dont la première seule se trouve dans l’édition de 1775 et dans les suivantes) signifient Monsieur Des Mahis. À rj’ui Voltaire voulait attribuer l’ouvrage ; voyez, dans la Correspondance, une lettre du 3 auguste 1769. (B.)