Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/520

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IRADAN

Mais ses sévérités…
LE GRAND-PRÊTRE.
Elle mourra, vous dis-je ;
On va dans ce moment la remettre en vos mains :
Remplissez de César les ordres souverains.

IRADAN

Une fille ! Un enfant !
LE SECOND PRÊTRE.
Ni le sexe, ni l’âge
Ne peut fléchir les dieux que l’infidèle outrage.

IRADAN

Cette rigueur est grande ; il faut l’entendre au moins.
LE GRAND-PRÊTRE.
Nous sommes à la fois et juges et témoins.
Un profane guerrier ne devrait point paraître
Dans notre tribunal à côté du grand-prêtre,
L’honneur du sacerdoce en est trop irrité ;
Affecter avec nous l’ombre d’égalité,
C’est offenser des dieux la loi terrible et sainte ;
Elle exige de vous le respect et la crainte :
Nous seuls devons juger, pardonner, ou punir,
Et César vous dira comme il faut obéir.

IRADAN

Nous sommes ses soldats, nous servons notre maître.
Il peut tout.
LE GRAND-PRÊTRE.
Oui, sur vous.

IRADAN

Sur vous aussi peut-être.
LE GRAND-PRÊTRE.
Nos maîtres sont les dieux.

IRADAN

Servez-les aux autels.
LE GRAND-PRÊTRE.
Nous les servons ici contre les criminels.

IRADAN

Je sais quels sont vos droits ; mais vous pourriez apprendre
Qu’on les perd quelquefois en voulant les étendre.
Les pontifes divins, justement respectés.
Ont condamné l’orgueil, et plus les cruautés ;
Jamais le sang humain ne coula dans leurs temples :