Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/523

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Sachez que ce soleil qui répand la lumière,
Ni vos divinités de la nature entière,
Que vous imaginez résider dans les airs,
Dans les vents, dans les flots, sur la terre, aux enfers,
Ne sont point les objets que mon culte envisage ;
Ce n’est point au soleil à qui je rends hommage,
C’est au Dieu qui le fit, au Dieu son seul auteur,
Qui punit le méchant et le persécuteur,
Au Dieu dont la lumière est le premier ouvrage ;
Sur le front du soleil il traça son image,
Il daigna de lui-même imprimer quelques traits
Dans le plus éclatant de ses faibles portraits :
Nous adorons en eux sa splendeur éternelle.
Zoroastre, embrasé des flammes d’un saint zèle,
Nous enseigna ce Dieu que vous méconnaissez.
Que par des dieux sans nombre en vain vous remplacez,
Et dont je crains pour vous la justice immortelle.
Des grands devoirs de l’homme il donna le modèle ;
Il veut qu’on soit soumis aux lois de ses parents,
Fidèle envers ses rois, même envers ses tyrans,
Quand on leur a prêté serment d’obéissance :
Que l’on tremble surtout d’opprimer l’innocence ;
Qu’on garde la justice, et qu’on soit indulgent ;
Que le cœur et la main s’ouvrent à l’indigent ;
De la haine à ce cœur il défendit l’entrée ;
Il veut que parmi nous l’amitié soit sacrée :
Ce sont là les devoirs qui nous sont imposés…
Prêtres, voilà mon Dieu : frappez, si vous l’osez.

IRADAN

Vous ne l’oserez point ; sa candeur et son âge,
Sa naïve éloquence, et surtout son courage,
Adouciront en vous cette âpre austérité
Qu’un faux zèle honora du nom de piété.
Pour moi, je vous l’avoue, un pouvoir invincible
M’a parlé par sa bouche, et m’a trouvé sensible ;
Je cède à cet empire, et mon cœur combattu
En plaignant ses erreurs admire sa vertu :