Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/539

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Les traits que la nature imprima sur son front,
Tout me dit : c’est son frère.

LE JEUNE ARZÉMON

Oui, je le suis.

IRADAN

Arrête,
Garde un profond silence, il y va de ta tête.

LE JEUNE ARZÉMON

Je te l’apporte, frappe.

IRADAN

Enfants infortunés !
Dans quels lieux les destins les ont-ils amenés !
Toi, le frère d’Arzame !

LE JEUNE ARZÉMON

Oui, ton regard sévère
Ne m’intimide pas.

IRADAN

Ce jeune téméraire
Me remplit à la fois d’horreur et de pitié ;
Il peut avec sa sœur être sacrifié.

LE JEUNE ARZÉMON

Je viens ici pour l’être.

IRADAN

Ô rigueurs tyranniques !
Ce sont vos cruautés qui font les fanatiques…
Écoute, malheureux, je commande ce fort ;
Mais ces lieux sont remplis de ministres de mort :
Je te protégerai ; résous-toi de me suivre.

LE JEUNE ARZÉMON

Puis-je la voir enfin ?

IRADAN

Tu peux la voir et vivre ;
Calme-toi.

LE JEUNE ARZÉMON

Je ne puis… Ah ! seigneur, pardonnez
A mes sens éperdus, d’horreurs aliénés.
Quoi ! ces lieux, dites-vous, sont en votre puissance,
Et l’on y traîne ainsi la timide innocence !
Vos esclaves romains de leurs bras criminels
Ont arraché ma sœur aux foyers paternels !
De la mort, dites-vous, ma sœur est menacée ;
Vous la persécutez !

IRADAN