Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/568

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ARZAME

Ainsi ce jour horrible est un jour d’allégresse !
Je ne verse à vos pieds que des pleurs de tendresse.

LE JEUNE ARZÉMON, baisant la main d’Iradan.

Je ne puis vous parler, je demeure éperdu,
Mon père !

IRADAN, l’embrassant…

Mon cher fils !

LE JEUNE ARZÉMON

Le trépas m’était dû,
Vous me donnez Arzame !

ARZAME

Et pour comble de joie,
C’est Césène mon père… oui, le ciel nous l’envoie !


Scène II


Les Précédents, Césène.

IRADAN

Quelle nouvelle heureuse apportez-vous enfin ?

CÉSÈNE

J’apporte le malheur, et tel est mon destin.
Ma fille, on nous opprime ; une indigne cabale
Aux portes du palais frappe sans intervalle :
Le prétoire est séduit.

LE JEUNE ARZÉMON

Que je suis alarmé !

IRADAN

Quoi ! Tout est contre nous !

CÉSÈNE

On a déjà nommé
Un nouveau commandant pour remplir votre place.

IRADAN

C’en est fait, je vois trop notre entière disgrâce.

CÉSÈNE

Ah ! le malheur n’est pas de perdre son emploi,
De cesser de servir, de vivre enfin pour soi…

IRADAN

Qu’on est faible, mon frère ! et que le cœur se trompe !
Je détestais ma place et son indigne pompe ;