Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/584

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oTi AVERTISSEMENT.

en effet le Baron d’Olrantelx^il.. Grétry, qui vint le présenter aux comédiens italiens comme l’ouvrage d’un jeune homme de province. Les comédiens refusèrent la pièce, en avouant cependant que l’auteur n’était pas sans talent, et (|u’il promettait beaucoul). Ils cnijagèrent même M. Grétry à mander au jeune homme que, s’il voulait venir à Paris, on pourrait lui indiquer quelques changements nécessaires pour faire admettre et représenter sa pièce, et qu’avec de la docilité et un peu d’étude de leur théâtre il pourrait lui devenir utile par ses travaux, et se rendre digne d’y être attaché. Leur défiance venait principalement de la nouveauté de ce genre d’opéra comique, où l’un des principaux rôles était en italien et tous les autres en français ; mais si l’on a vu longtemps sur le même théâtre, dans des comédies, un principal personnage parler français, et tous les autres lui répondre en italien, pourquoi l’inverse n’aurait-il pas réussi dans un opéra comique rempli d’ailleurs de gaieté et de philosophie ?

Quoi qu’il en soit, le jeune auteur reconnut son insuffisance, et ne jugea pas à propos de se déplacer. Il aima mieux renoncer aune gloire qu’il désespérait d’obtenir. Cet événement empêcha M. Grétry de mettre la pièce en musique, et l’auteur de la Henriade et de Mahomet de faire des opérasr comiques. Il s’en tint à ses premiers essais, le, ^r^ndlOtr.aMe et les Deux T orme aux.

Il est assez remarquable que ]M. de Voltaire donna le premier un opéra à M. Grétry, comme il avait, le premier, vers 1730, donné une tragédie lyrique ^ à Rameau, avant que ces deux grands musiciens se fussent encore exercés dans les genres où ils ont excellé. Le grand poëte découvrit leur génie et pressentit leur succès. Si les encouragements qu’il leur donna ont pu les déterminer à embrasser la carrière dramatique, on lui serait en partie redevable des chefs-d’œuvre dont ils ont enrichi la scène, et des progrès qu’ils ont fait faire à l’art musical. Quel homme grave, à ce prix, ne pardonnerait à M. de Voltaire d’avoir fait des opéras comiques ?

1. Samson.