Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/595

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ACTE II, SCÈNE II.

IMais, madame, un corsaire est un peu dangereux : 11 paraît volontaire ; et le pas est scabreux.

IRÈNE.

11 a pris sans façon l’appartement du maître : « Je le suis, a-t-il dit, et j’ai seul droit de l’être. Vin, fille, argent comptant, tout est pour le plus fort ; Le vainqueur les mérite, et les vaincus ont tort,)> Dans cette belle idée il s’en donne à cœur-joie. Et pour tous les plaisirs son Ijon goût se déploie. Tandis que mon baron, une étrille à la main. Gémit dans l’écurie, et s’y tourmente en vain. Il fait venir ici les dames les plus belles, Pour leur rendre justice, et pour juger entre elles. Mettre au jour leur mérite, exercer leurs talents Par des pas de ballet, des mines, et des cbants, Nous allons lui donner cette petite fête ; Et si de son moucboir mes yeux font la conquête, Je pourrai m’en servir pour lui jouer un tour Qui fera triompher ma gloire et mon amour. J’entends déjà d’ici ses fifres, ses timbales ; Voilà nos ennemis, et voici mes rivales.

SCÈNE II.

Les Levantis arrivent, donnant chacun la main à une personne. IRENE, LA GOUVERNANTE ; ABDALLA arrive au son d’une musique turque, un mouchoir à la main ; les demoiselles du chAteau d’Otranto forment un cercle autour de lui.

ABDALLA chante.

Su, su, Zitelle tenere ; La mia spada fa tremar. Ma voi, faucille care, Mi placer, roi disarmar : Mi sentir più grand’onore Di rendirmi a l’amore, Che rapir tutta la terra Col terrore délia guerra. Su, su, Zitelle tenere, etc.

IRÈNE chante cet air tendre et mesuré.

C’est pour servir notre adorable maître, C’est pour l’aimer que le ciel nous fit naître.