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ACANTHE.

Ah ! je succombe. Hélas ! est-ce un bonheur ?

LE CHEVALIER.

Il l’est pour moi.

ACANTHE.

Il l’est pour moi. De Laure je suis fille !
Et pourquoi donc faut-il que ma famille
M’ait tant caché mon état et mon nom ?
D’où peut venir ce fatal abandon ?
D’où vient qu’enfin, daignant me reconnaître,
Ma mère ici n’a point osé paraître ?
Ah ! s’il est vrai que le sang nous unit,
Sur ce mystère éclairez mon esprit.
Parlez, monsieur, et dissipez ma crainte.

LE CHEVALIER.

Ces mouvements dont vous êtes atteinte
Sont naturels, et tout vous sera dit.

DORMÈNE.

Dans ce moment, Acanthe, il vous suffit
D’avoir connu quelle est votre naissance.
Vous me devez un peu de confiance.

ACANTHE.

Laure est ma mère, et je ne la vois pas !

LE CHEVALIER.

Vous la verrez, vous serez dans ses bras.

DORMÈNE.

Oui, cette nuit je vous mène auprès d’elle.

ACANTHE.

J’admire en tout ma fortune nouvelle.
Quoi ! j’ai l’honneur d’être de la maison
De monseigneur

LE CHEVALIER.

De monseigneur Vous honorez son nom.

ACANTHE.

Abusez-vous de mon esprit crédule ?
Et voulez-vous me rendre ridicule ?
Moi, de son sang ! Ah ! s’il était ainsi,
Il me l’eût dit ; je le verrais ici.

DIGNANT.

Il m’a parlé… je ne sais quoi l’accable :
Il est saisi d’un trouble inconcevable.

ACANTHE.

Ah ! je le vois.


Scène VI.



ACANTHE, DORMÈNE, DIGNANT, LE CHEVALIER, LE MARQUIS, au fond.


LE MARQUIS. au chevalier.

Ah ! je le vois. Il ne sera pas dit
Que cet enfant ait troublé mon esprit :