Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/306

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DON PtDllE.

Vous l’aviez dû prévoir, et vous n’ou doutez plus : Je vous refuse tout, excepté uion estime. Je considère en vous le guerrier magnanime. Qui combat pour son roi j)ar zèle et par honneur ; Mais je ne puis en vous soullVir l’ambassadeur. Portez à vos Français les ordres despotiques De ce roi renommé parmi les politiques. Qui, du fond de Vincenne, à l’abri des dangers. Sème en paix la discorde entre les étrangers. Sa sourde ambition, qu’on appelle prudence. Croit sur mon infortune étal)lir sa puissance. Il viole chez moi les droits des souverains. Qu’il a dans ses États soutenus par vos mains. Pour vous, noble instrument de sa froide injustice. Vous, dont il acheta le sang et le service, Vous, chevalier breton, qui m’osez présenter Un combat généreux qu’il n’oserait tenter, Votre valeur me plaît, quoique très-indiscrète ; Riais ressouvenez-vous des champs de Navarette.

GUESCLIN.

Sire, le prince anglais, je ne puis le nier.

Vainquit à Navarette et m’y fit prisonnier ;

Je ne l’oublierai point. Une telle infortune

A de meilleurs guerriers en tout temps fut commune ;

Et je ne viens ici que pour la réparer.

DON PÈDRE.

Dans les champs de l’honneur hàtez-vous donc d’entrer

Toujours prêt, comme vous, d’en ouvrir la barrière.

Et de recommencer cette noble carrière.

Je vous donne le choix et des lieux et du temps ;

La route a dû lasser vos braves combattants.

En quel jour, en quel lieu, voulez-vous la bataille ’ "/

1. C’était encore Tusage en ce temps-là. Le dernier exemple qu’on en connaisse fut celui de la bataille d’Azincourt, où les généraux français envoyèrent demander le jour et le lieu au roi d’Angleterre. Cet usage venait des peuples du nord ; il y était très-ancien. Bijorix, roi ou général des Cimbres, demanda le jour et le lieu de la bataille à Marius, qui, craignant qu’un refus ne parût aux barbares une marque de timidité, et n’augmentât leur courage, lui assigna le sur lendemain, et la plaine de Verceil. {Note de Voltaii-e.) — Les éditions données du vivant do l’auteur ne contiennent que la moitié de la première ligne de cette note. Le reste a paru pour la première fois dans les éditions de Kehl. (B.)