Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/95

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LELIE.
 
Je crains son désespoir-, il est Numide, il aime.
Surtout de Sophonisbe il faut vous assurer.
Ce triomphe éclatant, qui va se préparer,
Plus que vous ne pensez vous devient nécessaire
Pour imposer aux grands, pour charmer le vulgaire.
Pour captiver un peuple inquiet et jaloux,
Ennemi des grands noms, et peut-être de vous.
La veuve de Syphax à votre char traînée
Fera taire l’envie à vous nuire obstinée ;
Et le vieux Fabius, et le jaloux Caton,
Se cacheront dans l’ombre en voyant Scipion.

SCÈNE II.

SCIPION, LÉLIE, PHAEDIME.

PHAEDIME.

Sophonisbe, seigneur, à vos ordres soumise,
Par le roi Massinisse entre vos mains remise,
Va bientôt, à vos pieds déposant sa douleur,
Reconnaître dans vous son maître et son vainqueur;
Elle est prête à partir.

SCIPION.

Que Sophonisbe apprenne
Qu’à Rome, en ma maison, toujours servie en reine,
Elle n’y recevra que les soins, les honneurs.
Que l’on doit à son rang, et même à ses malheurs :
Le Tibre avec respect verra sur son rivage
Le noble rejeton des héros de Carthage.

( Phœdime sort, i
(A un tribun.)

Vous, jusques à ma flotte ayez soin de guider
Et la reine et les siens, qu’il vous faudra garder.


Scène III.



SCIPION, LÉLIE, MASSINISSE, licteurs.

SCIPION.

Le roi vient : je le plains ; un si grand sacrifice
Doit lui coûter sans doute. Approchez, Massinisse ;
Ne vous repentez pas de votre fermeté.