Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
la liberté de publier ſes penſées, eſt le droit naturel du Citoyen. Il peut ſe ſervir de ſa plume comme de ſa voix : il ne doit pas être plus défendu d’écrire que de parler, & les délits faits avec la plume doivent être punis comme les délits faits avec la parole. Telle eſt la loi d’Angleterre, pays monarchique ; mais où les hommes ſont plus libres qu’ailleurs, parce qu’ils ſont plus éclairés.

intéreſſé que M. D. V. à juſtifier la liberté d’écrire. Il ne pouvoit ſans doute lui donner un plus ſolide appui que le droit naturel, & conſéquemment l’on ne doit pas être ſurpris de la lui voir ériger en dogme de morale. Mais ſi la liberté de la plume doit être en raiſon de celle de la parole, comme l’Auteur le prétend, l’on ſera très-bien fondé à conclurre que la langue de M. D. V. eſt très-méchante, car ſa plume l’eſt furieuſement. Revenons à l’enſeignement de ce nouveau pédagogue de Républiques.

Dans tous les Etats il y a des eſprits inquiets, cenſeurs ardents, à qui la nouveauté plait, & à qui rien ne plait pas même leur propre tranquillité. Laiſſons les maîtres de publier leurs penſées, leurs ſentiments : que réſultera-t-il de cette dangereuſe liberté ? des factions qui diviſent, une fermentation qui ſe dilate & qui allume le feu de la diſcorde ; ainſi un Etat ſe remplit de troubles.

Il eſt faux qu’en Angleterre chacun ait la liber-