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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIII.

Le livre d’Ézéchiel n’en fut pas moins inſéré dans le Canon des Auteurs inſpirés de Dieu : il eſt vrai que la Synagogue n’en permettait pas la lecture avant l’âge de trente ans, comme nous l’apprend St. Jérôme ; mais c’était de peur que la jeuneſſe n’abuſât des peintures trop naïves qu’on trouve dans les chapitres 16 & 23 du libertinage des deux ſœurs Olla & Ooliba. En un mot, ſon Livre fut toujours reçu, malgré ſa contradiction formelle avec Moïſe.

Enfin,[1] lorſque l’immortalité de l’âme fut un

    Jéruſalem n’y eurent aucune part, & ceux qui étaient répandus ſur le reſte de la terre, peuvent être temporellement punis dans leurs enfants, auſſi innocents que leurs pères ? Cette punition temporelle, ou plutôt, cette manière d’exiſter différente des autres Peuples, & de faire le commerce ſans avoir de Patrie, peut n’être point regardée comme un châtiment en comparaiſon des peines éternelles qu’ils s’attirent par leur incrédulité, & qu’ils peuvent éviter par une converſion ſincère.

  1. Ceux qui ont voulu trouver dans le Pentateuque la doctrine de l’Enfer & du Paradis, tels que nous les concevons, ſe ſont étrangement abuſés : leur erreur n’eſt fondée que ſur une vaine diſpute de mots ; la Vulgate ayant traduit le mot Hébreu Sceol, la foſſe, par Infernum, & le mot Latin Infernum ayant été traduit en Français par Enfer, on s’eſt ſervi de cette équivoque pour faire croire que les Anciens Hébreux avaient la notion de l’Adès & du Tartare des Grecs, que les autres Nations avaient connus auparavant ſous d’autres noms.

    Il eſt rapporté au Chapitre 16 des Nombres, que la

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