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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIV.

fendues ; il célébra toutes les fêtes ; & même avant ſa mort il avait célébré la Pâque : on ne l’accuſa ni d’aucune opinion nouvelle, ni d’avoir obſervé aucun Rite étranger. Né Iſraélite, il vécut conſtamment en Iſraélite.

Deux témoins qui ſe préſentèrent, l’accuſèrent d’avoir ditSt. Math. chap. 26, v. 61., qu’il pourrait détruire le Temple, & le rebâtir en trois jours. Un tel diſcours était incompréhenſible pour les Juifs charnels, mais ce n’était pas une accuſation de vouloir fonder une nouvelle ſecte.

Le Grand-Prêtre l’interrogea, & lui dit : Je vous commande par le Dieu vivant, de nous dire, ſi vous êtes le Christ, Fils de Dieu. On ne nous apprend point ce que le Grand-Prêtre entendait par Fils de Dieu. On ſe ſervait quelquefois de cette expreſſion pour ſignifier un juſte,[1] comme on employait

  1. Il était en effet, très difficile aux Juifs, pour ne pas dire impoſſible, de comprendre, ſans une révélation particulière, ce Myſtère ineffable de l’Incarnation du Fils de Dieu, Dieu lui-même. La Genèſe (chap. 6.) appelle Fils de Dieu, les fils des hommes puiſſants : de même les grands cèdres dans les Pſaumes, ſont appelés les cèdres de Dieu. Samuel dit qu’une frayeur de Dieu tomba ſur le Peuple, c’eſt-à-dire, une grande frayeur ; un grand vent, un vent de Dieu ; la maladie de Saül, mélancolie de Dieu. Cependant il paraît que les Juifs entendirent à la Lettre, que Jésus ſe dit Fils de Dieu dans le ſens propre ; mais
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