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Traité ſur la Tolérance. Chap. XXV.

été diſcutée avec un examen auſſi réfléchi que les plus grands objets de la guerre & de la paix peuvent l’être. L’amour de l’équité, l’intérêt du Genre-humain ont conduit tous les Juges. Grâces en ſoient rendues à ce Dieu de clémence, qui ſeul inſpire l’équité & toutes les vertus !

Nous l’atteſtons, que nous n’avons jamais connu ni cet infortuné Calas, que les huit Juges de Toulouſe firent périr ſur les indices les plus faibles, contre les Ordonnances de nos Rois, & contre les Loix de toutes les Nations ; ni ſon fils Marc-Antoine, dont la mort étrange a jetté ces huit Juges dans l’erreur ; ni la mère, auſſi reſpectable que malheureuſe ; ni ſes innocentes filles, qui ſont venues avec elle de deux cents lieues mettre leur déſaſtre & leur vertu au pied du Trône.

Ce Dieu ſait que nous n’avons été animés que d’un eſprit de juſtice, de vérité & de paix, quand nous avons écrit ce que nous penſons de la Tolérance, à l’occaſion de Jean Calas, que l’eſprit d’intolérance a fait mourir.

Nous n’avons pas cru offenſer les huit Juges de Toulouſe, en diſant qu’ils ſe ſont trompés, ainſi que tout le Conſeil l’a préſumé : au contraire, nous leur avons ouvert une voie de ſe juſtifier devant l’Europe entière : cette voye eſt d’avouer que des indices équi-

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