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Traité ſur la Tolérance. Chap. III.

Après la mort de François I, Prince plus connu cependant par ſes galanteries & par ſes malheurs que par ſes cruautés, le ſupplice de mille Hérétiques, ſurtout celui du Conſeiller au Parlement Dubourg, & enfin le maſſacre de Vaſſy, armèrent les perſécutés, dont la ſecte s’était multipliée à la lueur des buchers, & ſous le fer des bourreaux ; la rage ſuccéda à la patience ; ils imitèrent les cruautés de leurs ennemis : neuf guerres civiles remplirent la France de carnage ; une paix plus funeſte que la guerre, produiſit la St. Barthelemi, dont il n’y avait aucun exemple dans les annales des crimes.

La Ligue aſſaſſina Henri III & Henri IV, par les mains d’un Frère Jacobin, & d’un monſtre qui avait été Frère Feuillant. Il y a des gens qui prétendent que l’humanité, l’indulgence, & la liberté de conſcience, ſont des choſes horribles ; mais en bonne foi, auraient-elles produit des calamités comparables ?

    res ravagées, & ſur leſquelles on ne voyait plus que les cadavres de ſes Habitants, demanda juſtice au Roi Henri II, qui la renvoya au Parlement de Paris. L’Avocat Général de Provence, nommé Guerin, principal auteur des maſſacres, fut ſeul condamné à perdre la tête. De Thou dit qu’il porta ſeul la peine des autres coupables, quòd aulicorum favore deſtitueretur, parce qu’il n’avait pas d’amis à la Cour.