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Traité ſur la Tolérance. Chap. IV.

Je ne parle ici que de l’intérêt des Nations ; & en reſpectant, comme je le dois, la Théologie, je n’enviſage dans cet article que le bien phyſique & moral de la Société. Je ſupplie tout Lecteur impartial de peſer ces vérités, de les rectifier & de les étendre. Des Lecteurs attentifs, qui ſe communiquent leurs penſées, vont toujours plus loin que l’Auteur.[1]

  1. Mr. de la Bourdonnaie, Intendant de Rouen, dit que la Manufacture de chapeaux eſt tombée à Caudebec & à Neufchâtel par la fuite des Réfugiés. Mr. Foucaut, Intendant de Caen, dit que le Commerce eſt tombé de moitié dans la Généralité. Mr. De Maupeou, Intendant de Poitiers, dit que la Manufacture de droguet eſt anéantie. Mr. de Bezons, Intendant de Bordeaux, ſe plaint que le Commerce de Clérac & de Nérac ne ſubſiſte preſque plus. Mr. de Miroménil, Intendant de Touraine, dit que le Commerce de Tours eſt diminué de dix millions par année ; & tout cela par la perſécution. Voyez les Mémoires des Intendants, en 1698. Comptez ſurtout le nombre des Officiers de terre & de mer, & de Matelots, qui ont été obligés d’aller ſervir contre la France, & ſouvent avec un funeſte avantage : & voyez ſi l’Intolérance n’a pas cauſé quelque mal à l’État.

    On n’a pas ici la témérité de propoſer des vues à des Miniſtres dont on connaît le génie & les grands ſentiments, & dont le cœur eſt auſſi noble que la naiſſance : ils verront aſſez que le rétabliſſement de la Marine demande quelque indulgence pour les Habitants de nos Côtes.

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