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Traité ſur la Tolérance. Chap. IX.

ment dans ſon troiſième Livre contre Celſe, qu’il y a eu très-peu de Martyrs, & encore de loin à loin ; cependant, dit-il, les Chrétiens ne négligent rien pour faire embraſſer leur Religion par tout le monde ; ils courent dans les Villes, dans les Bourgs, dans les Villages.

Il eſt certain que ces courſes continuelles pouvaient être aiſément accuſées de ſédition par les Prêtres ennemis, & pourtant ces miſſions ſont tolérées malgré le Peuple Égyptien, toujours turbulent, ſéditieux & lâche ; Peuple qui avait déchiré un Romain pour avoir tué un chat ; Peuple en tout temps mépriſable, quoi qu’en diſent les admirateurs des pyramides.[1]

  1. Cette aſſertion doit être prouvée. Il faut convenir que depuis que l’Hiſtoire a ſuccédé à la Fable, on ne voit dans les Égyptiens qu’un peuple auſſi lâche que ſuperſtitieux. Cambyſe s’empare de l’Égypte par une ſeule bataille : Alexandre y donne des Loix ſans eſſuyer un ſeul combat, ſans qu’aucune Ville oſe attendre un ſiège : des Ptolomées s’en emparent ſans coup férir ; Céſar & Auguſte la ſubjuguent auſſi aiſément. Omar prend toute l’Égypte en une ſeule campagne ; les Mammelucs, Peuples de la Colchide & des environs du Mont Caucaſe, en ſont les maîtres après Omar ; ce ſont eux, & non les Égyptiens, qui défont l’armée de St. Louis, & qui prennent le Roi priſonnier. Enfin, les Mammelucs étant devenus Égyptiens, c’eſt-à-dire, mous, lâches, inappliqués, volages, comme les Habitants naturels de ce climat, ils paſſent en trois mois ſous le joug de Selim I, qui fait pendre leur Soudan,