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l’œuvre mathématique

les heures qui coulent sont-elles ses premières heures de repos. En considérant l’activité qu’il a déployée, le nombre des questions différentes qu’il a traitées, les conceptions nouvelles de la science qu’il a si rapidement pénétrées, l’ensemble des idées originales qu’il a répandues, on est sûr qu’il n’a pu se reposer un seul instant pendant sa vie. Poincaré est resté toujours sur la brèche en bon soldat jusqu’à la mort. Il n’y a pas eu, dans les trente dernières années, une question nouvelle reliée plus ou moins directement aux mathématiques qu’il n’ait soumise à son analyse profonde et délicate et qu’il n’ait enrichie de quelque découverte ou de quelque remarque féconde.

Je crois que nul autre savant n’a été autant que lui en rapport constant et intime avec le monde scientifique qui l’entourait. Il recevait des idées et il en donnait par un échange rapide et intense, qui n’a cessé que le jour où son cœur a cessé de battre. C’est pourquoi, s’il fallait caractériser la dernière période de l’histoire des mathématiques par un nom, tout le monde prononcerait celui de Poincaré, car il a été sans aucun doute le plus répandu et le plus célèbre des mathématiciens de ces dernières années. Peu à peu il avait créé un type de savant et de philosophe. Sans que personne