Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/100

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DE PARIS.

C’est un assez bel ensemble ; mais le pauvre homme se fatigue au moins autant que mademoiselle Maillard de l’opéra (I), et pourtant on ne lui jette que rarement une chétive pièce de deux sous. Ne passons pas devant cet antre, là-bas,sans jeter quelque petite pièce d’argent dans son assiette. A la vérité, la manière dont il joue de la harpe n’est pas très-engageante, mais la pauvre jeune fille qui près de lui chante les yeux baissés mérite, à coup sûr, une aumône. Ses regards fixés vers la terre semblent dire : Je chante, il est vrai ; mais mon père n’a pas de pain. Ces deux enfans qui chantent en duo

(1) Ceci n’est point une comparaison, c’est une sottise. J’ai dit plus haut que deux ou trois personnes seulement avaient été exceptées de l’effrayante proscription à laquelle tous les artistes dramatiques de Paris ont été condamnés par M. Kotzebue ; et, d’après le goût qui distingue ce grand homme, il est tout simple que mademoiselle Maillard y soit comprise. Mais qu’elle se console ; elle est amplement vengée de cette injure par le suffrage des gens de goût, et des amateurs de la belle musique de Gluck, qu’elle fait si bien valoir.