Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/102

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DE PARIS simples et touchans : Nous n’avons ni père ni mère. Rarement quelqu’un passait sans s’attendrir, et comme la rue est très-passagère, la récolte était toujours abondante. J’ai remarqué avec plaisir que particulièrement les soldats donnaient, et donnaient beaucoup. Un soir j’en vis un qui était profondémcnt ému ;il portait deux grandes moustaches noires qui contrastaient singulièrement avec l’expression de sa figure. A la faible clarté que répandait sur nous le triste luminaire de ces malheureux orphelins, je crus voir briller quelques larmes dans les yeux de ce brave militaire ; mais en descendant le long de ses joues, elles se perdaient à travers les énormes moustaches qui les couvraient de leur ombre. Il regarda pendant quelque temps, en silence, le groupe étendu à ses pieds ; le plus petit poussait alors des cris plus douloureux encore parce qu’il avait froid. Aussitôt le brave soldat met la main dans sa poche et donne au plus âgé deux pièces de douze sous, sous la