Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SOUVENIRS

chaleur et un intérêt qui font l’éloge de sa sensibilité, et qui sont la preuve de l’estime qu’il avait pour lui : « Il avait la « tête chaude, me dit-il entre autres choses, mais il avait un cœur excellent." A quelques pas de moi était l’ambassadeur des Etats-Unis avec lequel Bonaparte s’entretint du commerce de son pays ; l’ambassadeur laissa échapper quelques mots sur la guerre ; le premier consul haussa les épaules, comme s’il eût voulu dire : " Ce n’est pas ma faute si l’on n’est pas en paix ». Il parut vouloir ajouter quelque chose ; mais il se retint, et passa outre. Il s’approcha de moi une seconde fois, et me parla avec infiniment de bonté et d’aisance sur les théâtres. Il accusa les Allemands de mélancolie ; et dit que nos drames larmoyans nuisaient, en quelque sorte, à la tragédie française ; qu’il n’aimait point à pleurer, etc. En rapportant ainsi ce que le premier consul m'a adressé, je prouve bien que je n’ai en vue que ce qui peut intéresser