Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/183

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SOUVENIRS

il n’y ait jamais de femmes plus spirituelles. On me demandera peut-être comment on peut juger de l’esprit d’une femme. On peut se fier d’autant plus au jugement que je porte, que non-seulement je vis madame Récamier presque tous les jours, mais qu’en outre une circonstance particulière me mit à portée de juger de son esprit ; circonstance dans laquelle ni homme ni femme n’aurait pu dissimu1er son insuffisance. Je fus promener en voiture avec madame Récamier pendant quatre ou cinq hcures, sans autre compagnie que celle des enfans dont elle prend soin et qui, certainement, ne se mêlèrent point de la conversation. Il n’y a pas de moyen plus sur pour connaitre le degré d’esprit d’un homme qu’une conversation suivie en voiture (à moins que le sommeil ne s’en méle), c’est là qu’il doit se développer ; et si les personnes qui sont renfermées dans une voiture étroite ont l’une pour l’autre un sentiment d’amitié, c’est là que la cou-