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DE PARIS 45

précipite comme un torrent entre deux montagnes qui s’élancent et se perdent dans les nues, tantôt tombe goutte à goutte, et ne fait pour ainsi dire qu’humec ter les rochers sur lesquels il coule, jusqu’à ce qu’il s’engouffre dans un abyme, et disparaisse entièrement aux regards du voyageur ; l’élan impétueux de ce même fleuve qui reparaït à sept cents pas plus loin, et court s’unir à la Saône : tout cela surprend, étonne, et satisfait. Ainsi, de surprise en surprise, le voyageur parvient jusqu’aux environs de Nantua, située dans une vallée que je nommerais volontiers le Val du Désespoir. Je n’ai vu de ma vie rien de plus sauvage et de plus horrible. Les maisons isolées et en petit nombre que l’on y aperçoit paraissent avoir été bâties par quelque Robinson qui aurait fait naufrage dans le grand monde. Là, comme dans la nouvelle Zemble, règne un éternel hiver ; les rochers, noirs et dépouillés de verdure, semblent former une vaste prison ; le chant d’aucun oi-