Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/159

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MARCHE DE LA TROISIEME ARMEE. I 151 d’investissement seraient momentanément confiées à la garde de fractions de troupes peu considérables. On eût, a la vérité, forcé la ville a capituler, du moment qu’elle n’était pas secourue, en la tenant simplement blo- quée. Mais le résultat n’eùt été atteint qu’au bout de plu- sieurs mois. Si on voulait aller plus vite il fallait l’y contraindre en employant d’autres moyens : le plus sim- ple, c’était le bombardement. A l’époque ou Paris fut fortifié, on ne se doutait pas que les perfectionnements de l’artillerie doubleraient ou triple- I raient la portée du tir. Les ouvrages extérieurs, notamment ceux établis en avant du front sud, se trouvaient si près de la place que celle—ci pouvait ètre directement canonnée par la grosse artillerie. On a blàmé l’état-major allemand d’avoir tant tardé à recourir au bombardement; probablement on n’a pas tenu compte des difficultés qu’entrainait cette mesure‘. Il est permis d’affirmer qu’il est absolument impossible de procéder a l’attaque d’une grande place de guerre si- tuée à l'intérieur d’un pays, tant qu’on ne s’est pas rendu maître des voies ferrées ou fluviales quiy mènent, afin d’assurer le transport de l’énorme matériel de guerre qu’exige une pareille entreprise. De le transporter sur les routes de terre, méme pour lui faire franchir de petites distances, cela constitue un travail gigantesque. Or, a ce moment-là, l’armée allemande n’avait a sa disposition qu’une seule voie ferrée francaise, et cette ligne unique était encombrée de convois, les uns amenant les approvi- sionnements destinés à faire vivre l’armée de campagne, 1. Voir dans la Deutsche Rumlschau, numéro d’août 1891, les lettres du général de Roon, ministre dela guerre prussien en 1870. (N. d. T.)