Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/18

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Dans la nuit du 15 au 16 juillet, le roi avait signé l’ordre de mobilisation et quand, quinze jours après, Sa Majesté se rendit à Mayence, tout près de 300 000 hommes étaient arrivés sur le Rhin ou sur des points situés au delà.

Le plan de campagne, soumis au roi par le chef du grand état-major et approuvé par Sa Majesté, visait dès le début la conquête de la capitale ennemie, laquelle, en France, a une importance plus considérable que dans d’autres pays. Sur le parcours de la frontière à Paris les forces allemandes devaient tendre le plus possible à isoler celles de l’adversaire du midi de la France offrant d’abondantes ressources, et à les refouler dans les régions septentrionales en arrière de Paris, bien moins étendues. Mais l’idée maîtresse était qu’il fallait attaquer l’ennemi, sans tarder, où qu’on le trouvât et tenir les forces massées de telle sorte qu’on pût l’attaquer en disposant de la supériorité numérique.

Les dispositions à l’aide desquelles on atteindrait ces buts, on se réservait de les prendre sur les lieux ; seule, la première marche en avant jusqu’à la frontière avait été réglée dans ses moindres détails.

C’est une erreur de croire qu’il soit possible d’établir longtemps à l’avance un plan de campagne et de pouvoir le suivre point pour point du commencement à la fin. La première rencontre avec le gros des forces ennemies pourra créer, selon son issue heureuse ou malheureuse, une situation toute nouvelle. Bien des choses que peut-être on aura eu le dessein d’exécuter, se trouveront être irréalisables. Beaucoup d’autres au contraire seront possibles auxquelles on ne pouvait s’attendre d’avance. Saisir nettement les modifications que les événements auront fait subir à la situation, prendre les mesures voulues pour un