Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/447

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SUITE DU BOMBARDEMENT DE PARIS. 439 détresse générale touchait peu. Les défenseurs de la patrie recrutés dans la population civile étaient nourris et grasse- mentpayés par le gouvernement sans qu’ils aient eu besoin de grandement s’exposer. A ceux-ci se joignaient tous les individus sans aveu qui trouvaient leur compte à ce que le désordre se perpétuàt. Cesgens—là étaient parfaitement con- tents de la situation telle qu’elle résultait de la révolutiondu 4 septembre et, peu de temps apres, ils allaient inaugurer l’horrible régime de la Commune. Pendant le siege déjà on n’avait pu disperser les émeutiers qu’en ayant recours aux armes et une partie de la garde nationale s’était associée à ces manifestations subversives. Soutenus par la presse, les clubs démagogiques demandaient a présent encore qu’on tentàt de nouvelles entreprises, voire meme la sortie en masse de tous les habitants de Paris. De la sorte le gouver- nement, très faible parce qu’i1 relevait uniquement de la faveur populaire, se trouvait pris entre les exigences irréa- lisables d’une foule aveugle et l’inéluctable gravité de la situation réelle. lncontestablement la seule issue possible était de capitu- ler. '1`out retard augmentait la détresse et amenait l’ennemi a imposer des conditions plus dures. Si toutes les voies fer- rées n’étaient pas, dans une zone très étendue, immédiate- ment mises au service du ravitaillement de Paris,deux mil- lions d’hommes allaient réellement éprouver les horreurs de la famine, a laquelle on ne pourrait plus parer, si on attendait davantage encore. Mais personne n’osait pronon- cer le mot néfaste de capitulation, ni assumer la respon- sabilité de la chose qui s’imposait absolument. Le 2l, on tint un grand conseil de guerre. Tous les gé- néraux d’un certain àge déclarant impossible de tenter de nouvelles entreprises offensives, on crut devoir consulter