Page:Voragine - Légende dorée.djvu/191

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« Ô Pierre, mon frère, ma gloire, ma joie, moitié démon âme, reprends tes forces ! » Alors Pierre, ouvrant les yeux et le reconnaissant, se mit à pleurer, mais sans pouvoir parler. Paul lui ouvrit la bouche et y versa de la nourriture, qui ne tarda pas à le réconforter. Puis, se rendant auprès de Théophile, saint Paul lui dit : « Ô bon Théophile, homme aimable et hospitalier, rappelle-toi qu’un petit mal suffit pour détruire un grand bien ! Qu’as-tu fait de ce serviteur de Dieu qui s’appelle Pierre ? Faible et pauvre, il ne vit que par la parole : et c’est un tel homme que tu as pu mettre en prison ! Sans compter que, si tu l’avais laissé en liberté, il aurait pu t’être utile ; car on dit qu’il guérit les malades et ressuscite les morts ! » Et Théophile : « Ce sont là des fables, mon cher Paul, car si cet homme pouvait ressusciter des morts, il pourrait bien se délivrer lui-même de sa prison ! » Et Paul : « On m’a dit que, de même que le Christ, qui ensuite est ressuscité, n’a pas voulu descendre de sa croix, de même ce Pierre, pour suivre l’exemple de son maître, refuse de se délivrer, préférant souffrir pour le Christ. » Alors Théophile : « Eh bien, va lui dire que je lui rendrai sa liberté, s’il ressuscite mon fils, mort depuis quatorze ans ! » Paul rapporta cette condition à Pierre, qui lui dit : « C’est là un bien grand miracle qu’on exige de moi : mais la grâce de Dieu le fera par moi ! » Puis, conduit au sépulcre du fils de Théophile, il ordonna qu’on ouvrît la porte, et le mort ressuscita. — Mais nous devons avouer que ce miracle ne nous paraît pas très vraisemblable : d’abord à cause des quatorze ans que Dieu aurait permis que le mort passât dans son tombeau ; et puis, surtout, à cause de Jarusp et du mensonge que l’histoire prête à saint Paul. Toujours est-il que Théophile et tout le peuple d’Antioche finirent par se convertir au Seigneur, et construisirent une magnifique église au milieu de laquelle ils mirent une chaire très élevée pour Pierre, d’où il put être vu et entendu par tous. Il y siégea pendant sept ans avant de se rendre à Rome, où il siégea ensuite dans la chaire romaine pendant vingt-cinq ans. Et c’est en souvenir de cet événe-