Page:Voragine - Légende dorée.djvu/239

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peu d’huile de l’arbre de miséricorde, afin que j’en oignisse le corps de mon père Adam, l’ange Michel m’apparut et me dit que je ne pourrais pas avoir de cette huile avant que se fussent écoulés cinq mille cinq cents ans. » Ce qu’entendant, tous les patriarches et prophètes furent remplis de joie ; mais Satan, prince de la mort, dit à l’enfer : « Prépare-toi à recevoir Jésus, qui se glorifie d’être le Fils de Dieu, et qui cependant craint la mort, car il a dit que son âme était triste jusqu’à la mort, etc. Il a rendu l’ouïe à bien des hommes que j’avais faits sourds, et remis sur leurs pieds bien des hommes que j’avais faits boiteux. » À quoi l’enfer répondit : « Si tu es puissant, quel homme est donc ce Jésus, qui, tout en craignant la mort, résiste à ta puissance ? » Et Satan : « Je l’ai tenté, j’ai excité le peuple contre lui, j’ai aiguisé la lance qui l’a transpercé, je lui ai mêlé du fiel et du vinaigre, j’ai préparé le bois de sa croix. D’un instant à l’autre, il va mourir, et je te l’amènerai. » L’enfer lui répondit : « Au nom de ton pouvoir et du mien, je te conjure de ne pas me l’amener ici, car j’ai eu déjà à reconnaître la toute-puissance de sa parole, et je n’ai pas pu l’empêcher, tout récemment encore, de m’enlever Lazare. » Au même instant, une voix haute comme le tonnerre s’est fait entendre, qui disait : « Enfer, relève tes portes, car voici que va entrer le roi de gloire ! » À ces mots, les démons accoururent et fermèrent les portes d’airain avec des barres de fer. Et David s’écria : « N’ai-je point prédit que le Seigneur briserait les portes d’airain ? » De nouveau, la voix retentit et dit : « Enfer, relève tes portes ! » Puis le Roi de gloire entra ; et tendant sa main, il prit la main d’Adam et lui dit : « Paix à toi et à tous les justes d’entre tes fils ! » Puis il sortit des enfers, et tous les saints le suivirent. Jésus remit ensuite Adam à l’archange Michel, qui le fit entrer au paradis. Et comme nous y entrions tous, nous vîmes venir à nous deux vieillards, dont l’un nous dit : « Je suis Enoch, et mon compagnon est Élie, qui s’est élevé jusqu’ici dans un char de feu. Tous deux, nous n’avons pas