Page:Voragine - Légende dorée.djvu/269

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pieusement ! » Et il y avait sur le vaisseau un matelot qui restait incrédule : mais le diable s’empara de lui et le tourmenta jusqu’à ce que, mis en présence du corps, il eût déclaré qu’il y croyait. Et depuis lors cet homme, ainsi délivré du diable, eut pour saint Marc une dévotion toute particulière.

À Venise, le corps du saint fut placé sous une des colonnes de marbre de l’église ; et un petit nombre de personnes seulement furent admises à connaître l’endroit où il était déposé, de façon qu’il pût être gardé plus sûrement. Or voici que, ces quelques personnes étant mortes, on se trouva ne plus savoir du tout où était déposé le saint trésor ; et toutes les recherches qu’on fit pour le découvrir restèrent sans effet. Grande fut la désolation, aussi bien parmi les laïcs que parmi les clercs. La foule tremblait à la pensée que son saint patron avait peut-être été dérobé. Un jeûne solennel fut ordonné, une procession parcourut en grande pompe toutes les rues de Venise. Et voici que, à la vue et à l’émerveillement de tous, les pierres de l’une des colonnes s’ébranlent et tombent, mettant à découvert le caveau où est caché le corps. Toute la ville, ravie de bonheur, remercie Dieu d’un tel miracle, et depuis lors, le jour anniversaire de ce miracle est célébré à Venise comme une fête solennelle.

III. Un jeune homme qui avait la poitrine rongée par un cancer implora l’assistance de saint Marc : la nuit suivante, il vit en rêve un pèlerin qui marchait d’un pas rapide sur une route. Le jeune homme lui ayant demandé qui il était et pourquoi il marchait si vite, le pèlerin répondit qu’il était saint Marc ; et qu’il courait au secours d’un vaisseau en danger ; après quoi, étendant la main, il toucha le malade, qui se réveilla entièrement guéri. Or, peu de temps après, un vaisseau entra dans le port de Venise ; et l’équipage raconta que, étant en danger, il avait invoqué saint Marc, qui l’avait secouru.

IV. Des marchands vénitiens se rendaient à Alexandrie, dans un vaisseau qui appartenait à des Sarrasins. Une tempête s’étant élevée, les marchands sautèrent dans