Page:Voragine - Légende dorée.djvu/280

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fragment de mon manteau en fera tout autant ! » On alluma d’autres charbons et on y plaça, en face l’un de l’autre, les deux fragments de manteaux. Et le manteau de l’hérétique fut, tout de suite, brûlé, tandis que celui de saint Pierre éteignit le feu sans qu’un seul de ses poils fût endommagé. Ce que voyant, l’hérétique revint à la vérité, et fit part à tous du miracle dont il avait été témoin.

VII. On raconte que certain hérétique, dialecticien éloquent et infatigable, discutant avec saint Pierre, le pressait d’arguments si subtils que le saint, désolé, entra dans une église voisine, et pria Dieu, avec des larmes, de défendre pour lui la cause de sa foi. Après quoi, revenant vers l’hérétique, il lui dit d’exposer de nouveau ses raisons. Mais l’hérétique était devenu muet, au point qu’il ne put prononcer une seule parole : ce qui arriva, à la grande confusion de son parti, et les fidèles en rendirent de grandes grâces à Dieu.

VIII. Un hérétique nommé Opiso, étant un jour entré dans la chapelle des frères, à Milan, et ayant aperçu deux deniers sur la tombe de saint Pierre, s’empara de ces deniers en disant « Voilà qui est bon pour m’offrir à boire ! » Et aussitôt il fut saisi d’un tremblement, et se trouva incapable de faire un seul pas. Épouvanté, il restitua les deux deniers et se convertit.

IX. Dans un couvent de Florence, une religieuse, étant en prière le jour du martyre du saint, vit la Vierge Marie assise sur son trône de gloire et faisant asseoir près d’elle deux frères de l’ordre des Prêcheurs. Elle demanda qui étaient ces frères ; et une voix lui répondit : « C’est le frère Pierre et son compagnon, qui viennent de s’élever jusqu’au ciel comme la fumée de l’encens. » Et, plus tard, cette religieuse, souffrant d’une grave maladie, invoqua saint Pierre et fût aussitôt guérie.

X. Un clerc qui revenait de Maguelone à Montpellier, se fit un effort dans l’aîne, en sautant ; et il souffrait horriblement, et ne pouvait marcher. Il entendit raconter qu’une femme atteinte d’un cancer avait étendu sur sa plaie un peu de terre arrosée du sang de saint Pierre, et