Page:Voragine - Légende dorée.djvu/282

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contraindre à sacrifier devant une statue du dieu Mars. Mais soudain un énorme dragon, sortant du pied de la statue, mit à mort le fils du prêtre, qui préparait le feu du sacrifice, et les deux tribuns qui avaient fait arrêter Philippe ; en même temps qu’il répandait une haleine si fétide, que tout le reste des assistants en était étouffé. Et Philippe dit : « Croyez-moi, brisez cette statue, et à sa place, adorez la croix du Seigneur, afin que ceux d’entre vous qui souffrent soient guéris, et que ces trois morts ressuscitent ! » Mais les païens, de plus en plus malades, criaient : « Fais seulement que nous soyons guéris, et nous te promettons de détruire aussitôt la statue ! » Alors, Philippe, parlant au dragon, lui ordonna de s’enfuir dans un lieu désert, où il ne pût faire de mal à personne : le dragon obéit, s’enfuit et ne se montra jamais plus. Après quoi Philippe guérit tous ceux que l’haleine du dragon avait rendus malades, et obtint que les trois morts fussent rendus à la vie. Il convertit ainsi la ville entière, et passa un an encore à prêcher dans ses murs. Puis, y ayant ordonné des prêtres et des diacres, il se rendit dans une ville d’Asie appelée Hierapolis, où il éteignit l’hérésie des Ébionites, qui prétendaient que le Christ s’était incarné dans une chair différente de notre chair humaine.

Il avait avec lui ses deux filles, d’une grande sainteté, par l’entremise desquelles Dieu convertissait à la foi de nombreuses âmes. Quant à Philippe, une semaine avant sa mort, il convoqua les évêques et les prêtres, et leur dit : « Le Seigneur m’accorde encore sept jours pour continuer à vous instruire. » Il était alors âgé de quatre-vingt-sept ans. Et en effet, une semaine après, il fut pris par les infidèles et attaché par eux à une croix, à l’exemple du maître divin dont il prêchait la doctrine. C’est ainsi que son âme s’envola heureusement au trône du Seigneur ; et on ensevelit près de lui les deux vierges, ses filles, l’une à sa droite, l’autre à sa gauche.

Isidore nous dit, dans son livre sur l’origine, la vie et la mort des saints : « Philippe le Galiléen prêcha le Christ, convertit à la foi les nations barbares des bords