Page:Voragine - Légende dorée.djvu/328

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l’envoyait à lui. Mais l’ermite répondit : « Hélas, ma fille, je ne suis qu’un pauvre pécheur ! Retourne vers Basile ! Il a déjà obtenu pour toi le pardon de tes autres péchés : il obtiendra bien encore le pardon de celui-là ! Mais hâte-toi, si tu veux le trouver en vie ! » Et, au moment où la femme rentrait en ville, voici qu’on portait au cimetière le corps du saint. Alors la femme s’écria : « Que Dieu nous voie et qu’il juge entre moi et toi, car tu m’as envoyée vers un homme qui ne pouvait rien pour moi, tandis que tu avais toi-même le pouvoir de me gagner le pardon du ciel ! » Alors elle jeta sur le cercueil le papier où était écrit son péché ; et quand on reprit le papier, on vit que le dernier péché avait été effacé, comme tous les autres.

VII. Au moment où il sentait qu’il allait mourir, saint Basile appela près de lui un savant médecin juif nommé Joseph, qu’il aimait beaucoup, et qu’il aurait voulu convertir à la foi du Christ. Et Joseph, lui ayant tâté le pouls, reconnut que l’heure de mourir était venue pour lui. Il dit donc aux serviteurs de l’évêque : « Préparez ce qui est nécessaire à sa sépulture, car il va mourir d’un instant à l’autre ! » Mais Basile, l’ayant entendu, lui dit : « Tu ne sais pas ce que tu dis ! » Et Joseph : « Seigneur, je ne me trompe pas ! Bientôt le soleil va se coucher, et toi aussi tu t’éteindras avec le soleil. » Alors Basile : « Et que diras-tu si je ne meurs pas aujourd’hui ? » Et Joseph : « Seigneur, c’est impossible ! » Et Basile : « Mais si cependant, je survis jusqu’à la sixième heure de demain, que feras-tu ? » Et Joseph : « Si tu survis jusqu’à cette heure-là, je consens moi-même à mourir ! » Et Basile : « Consens seulement à mourir au péché, pour vivre dans le Christ ! » Et Joseph : « Seigneur, je comprends ce que tu veux dire : et si tu survis jusqu’à la sixième heure de demain, je ferai ce que tu m’engages à faire ! » Alors saint Basile, qui, suivant la nature, devait mourir en ce jour, obtint de Dieu que la mort l’épargnât jusqu’au lendemain. Et Joseph, voyant qu’il ne mourait pas, en fut émerveillé, et crut au Christ. Sur quoi Basile, trouvant dans son âme la force